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Mission Ouvrière Nationale

L'Eglise en monde ouvrier et dans les milieux populaires

« À l’abattoir », le témoignage d’un ouvrier

« À l’abattoir », le témoignage d’un ouvrier
« À l’abattoir », le témoignage d’un ouvrier

Séverin Husson, le 02/05/2016 à 12h49

« Tout le monde sait qu’en Bretagne, il y a beaucoup d’emplois dans les abattoirs (…), mais ce qui se passe à l’intérieur, peu de gens l’imaginent. Derrière les beefsteaks, les jambons et les gigots, il y a pourtant beaucoup de sueur d’homme, de maladies professionnelles et d’accidents du travail. (…) Les ouvriers et les ouvrières en abattoir, on n’en parle presque jamais dans les médias. C’est pour cela que j’ai voulu faire ce livre. »

C’est donc à une plongée dans un des milieux les plus fermés que nous invite Stéphane Geffroy, 45 ans, dont 25 passées à l’abattoir de Liffré (Ille-et-Vilaine). Son métier ? « Une espèce de corps à corps avec la bête dépecée. (…) Un travail de combattant presque. »

Il officie à la « tuerie », l’un des trois ateliers de l’établissement, avec la triperie et le désossage. Celui où « la bête entre vivante d’un côté et en ressort sous forme de deux demi-carcasses prêtes à être découpées. »

« La tuerie cumule tout, explique l’auteur. Les décibels, les cadences imposées, le froid en hiver et le chaud en été. Et les odeurs, entêtantes : celles, très âcres, des peaux que l’on vient d’arracher, (…) ou celles, envahissantes, des graisses que l’on découpe. Et bien sûr, le sang qui gicle. Il y en a des dizaines de litres dans une bête ! »

Stéphane Geffroy se dit pourtant « étonné » par les vidéos rendues publiques ces derniers mois sur les violences imposées aux animaux. « Un pur travail d’amateurs », qui ne serait plus en cours que « dans des petits abattoirs locaux ».

Publié dans la formidable collection « Raconter la vie » (Le Seuil), ce petit livre écrit à la première personne est aussi le témoignage du parcours d’un homme, de l’école à l’usine, avec ses échecs scolaires et la dureté du travail à la chaîne, mais aussi la camaraderie entre ouvriers, l’embauche des premières femmes ou l’engagement syndical qui l’a fait grandir. Une plongée salutaire, qui se fait parfois en apnée.

Séverin Husson

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