30 Juin 2016
Fraternité, Lien social, Évangile
En novembre 2014, l’Assemblée plénière des évêques de France a lancé le projet : « évangélisation en monde populaire » et l’a défini comme un axe prioritaire d’action pour les trois prochaines années.
Nombreux sont déjà les acteurs d’Église qui œuvrent au quotidien. Signe d’Évangile dans le monde populaire, ils créent ou recréent du lien social et fraternel, ils sont présents et agissent dans les quartiers « difficiles », les « cités », le monde rural… : ils vivent et font vivre l’Église aux périphéries auxquelles nous appelle le Pape François.
Au cœur de cette « Église aux périphéries », nous avons à montrer et à faire fructifier la fraternité, le vivre ensemble et ces liens sociaux qui nous unissent. Ensemble (mouvements, associations, diocèses, maisons de quartiers…), nous avons à partager des expériences « réussies » entre tous pour continuer à innover dans nos pratiques. C’est là l’ambition de cette démarche : mieux nous connaître pour inventer encore.
En ces temps troublés où notre société cherche ses repères, nous recevons, à nouveau, cette invitation de Mgr Moutel à être « une Église qui fait du lien ». Car nous savons, d’expérience, que travailler à ce lien social, c’est construire une société de paix et de croissance des êtres humains.
Là où l’Esprit nous devance déjà, il s’agit toujours de témoigner de l’actualité du message chrétien et d’y trouver le terreau de son rayonnement.
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Ce document-étape fait le point sur ce chantier ouvert par la Conférence des évêques de France, voici environ deux ans. Le mot « périphérie » a été mis en valeur par le pape François. Depuis, il accomplit son œuvre de « stimulant » pour contempler et accompagner l’œuvre de l’Esprit de Pentecôte auprès de ceux qui vivent « là où réside le mystère du péché, de la douleur, de l’injustice… Là où sont toutes les misères. »
C’est le mystère de l’Incarnation : se faire proche, se faire l’un de ceux qu’on veut rejoindre pour les sauver. On ne sauve pas de loin. On ne se fait pas frère de loin. Jésus est né dans une grotte. Il a vécu 30 ans dans un village inconnu. Au cours de sa vie publique, il est resté loin de Jérusalem, dans cette Galilée des Nations, lieu de passage, de brassage, de diversité. Il s’est fait proche de ceux qui vivaient dans l’exclusion. Il se l’est fait reprocher par ceux pour qui pauvreté et misère riment avec délinquants, dangereux, pécheurs ! Lui parlait d’eux comme des premiers enfants du Royaume.
L’histoire de l’Église fourmille de belles figures qui se sont faites proches des plus pauvres : saint Vincent de Paul en est un bel exemple. Mais il y en a tant d’autres ! Et aujourd’hui encore : Mère Teresa, Sœur Emmanuelle et un grand nombre de merveilleux « bons samaritains ».
Bien réellement, l’Église qui est en France aujourd’hui vit en périphérie. Elle se donne à voir, elle rejoint, accompagne, témoigne, porte l’Évangile. Elle y a le visage des petits, des souffrants, des exclus. On y parle le plus souvent le langage de la charité, de la solidarité, du soutien ! On y parle celui des initiatives ! On y parle celui de la confiance en Dieu présent au cœur des existences et des cœurs éprouvés… comme toujours !
À travers ces récits, sachons reconnaître la présence de Celui qui bâtit « l’Église en périphérie ».
+ Georges Pontier, Archevêque de Marseille, président de la Conférence des évêques de France
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L’effet « boule de neige »
Derrière les attentes, les chiffres, les « résultats », il y a une multitude de visages et chacun d’eux est unique. Bien souvent (trop souvent ?) nous ne retenons que les problèmes et nous ignorons les richesses de ce monde que nous appelons « populaire » et qui vit principalement aux périphéries de nos villes et aussi, reconnaissons-le, aux périphéries de nos communautés ecclésiales.
L’une des grandes richesses de ce monde populaire est la solidarité vécue entre tous. Une solidarité qui trouve son origine et son aboutissement dans la fraternité.
C’est la fraternité qui suscite la solidarité et c’est la solidarité qui nourrit et renforce la fraternité.
En ce monde de solitudes et de barrières, ces périphéries nous attendent.
Nous sommes invités à nous déplacer physiquement et mentalement, avec humilité, pour découvrir et accueillir cette fraternité qui se tisse dans les joies et les épreuves de la vie.
Et se produit « l’effet boule de neige »… Avec tous ceux que nous rejoignons, nous devenons ferments d’une société plus juste et plus fraternelle, inventant alors de nouvelles formes de solidarités pour s’adapter aux réalités changeantes de notre société.
L’engagement de quelques-uns devient un élan collectif.
La valeur d’un engagement personnel se transforme ainsi en fruits pour tous.
Chez les jeunes en particulier, cet effet « boule de neige » est flagrant.
Travailler avec eux au cœur des milieux populaires, c’est les mettre en marche à leur tour vers d’autres besoins, d’autres personnes, d’autres « boules de neige ».
Un immense merci à toutes celles et ceux qui vivent ces engagements, ces fraternités.
Merci de vos actions, souvent discrètes, merci de vos témoignages d’espérance qui sont autant d’appels à vous rejoindre.
+ Pascal Delannoy, évêque de saint-Denis vice-président de la Conférence des évêques de France
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