Le pape François se fait ovationner dans une usine de Gênes en attaquant les "spéculateurs"
Le pape François s'est rendu ce samedi 27 mai dans une aciérie proche de Gènes pour y dénoncer les spéculateurs, promoteurs d'une économie sans visage. Il a été ovationné par les milliers d'ouvriers de cette usine en difficulté.
« La maladie de l'économie, c'est la transformation progressive de l'entrepreneur en spéculateur, un mercenaire qui utilise les travailleurs seulement pour faire des profits ». Le pape François n'a pas eu de mots assez durs pour dénoncer « une économie sans visages » alors que, selon lui, « le vrai chef d'entreprise doit être avant tout un travailleur au côté de ses salariés et quelqu'un qui n'aime pas licencier ».
Ces propos sont allés à l'évidence droit au cœur des milliers de salariés de cette aciérie du groupe italien Ilva qui ont acclamé le souverain pontife. Ce groupe sidérurgique a été nationalisé en 2015 pour échapper à la faillite et l'Etat italien s'apprête maintenant à céder l'entreprise au géant mondial de l'acier ArcelorMittal, associé à une entreprise sidérurgique italienne.
« Sans travail on peut survivre, mais pour vivre on a besoin de travail », a déclaré le pontife argentin, estimant que le chômage des jeunes constituait « une hypothèque sur le futur » et le signe d'une « démocratie en crise ».
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Cela questionne le revenu universel
La menace que représentent la numérisation et la robotisation, sur la quantité de travail nécessaire à la production de biens et services marchands, oblige à repenser le modèle de protection sociale et le rapport au travail.
Le revenu universel "résultera des progrès scientifiques et technologiques, dont l’énergie nucléaire quasiment illimitée (inexploitée), la robotique, le numérique, les progrès au niveau de l’agriculture et de l’élevage intensifs.
On produira toujours plus et toujours plus diversifié avec de moins en moins de personnes.
Mais il faudra toujours plus d’instruction, de formation tout au long de sa vie et de mobilité. On pourra souvent travailler chez soi, en réseau par exemple, tant pour la commercialisation que pour la recherche ou parfois la médecine.
On assistera donc à la réduction progressive du salariat industriel."
(François Schoenfelder)
Des avis partagés
Les défenseurs d’un tel projet ne sont pas unanimes sur sa mise en œuvre et son financement, ni même sur le montant alloué et les objectifs poursuivis. Certains économistes estiment qu’il faut se contenter de mettre en place une allocation universelle qui permettrait de remplacer la dizaine de minima sociaux catégoriels qui existent déjà (allocation adulte handicapé, RSA, allocation de solidarité spécifique, minimum vieillesse, etc). Cette simplification permettrait de faire des économies de gestion et de distribution et d’opérer une refonte globale du système de protection sociale.
Pour d’autres, il devrait s’agir plutôt d’un revenu universel qui doit accompagner une tendance historique de long terme. Les sociétés développées seraient incapables de créer suffisamment d’emplois, le développement de la numérisation et de la robotique détruisant encore davantage de postes de travail. En janvier dernier, le Conseil national du numérique dans un?rapport remis au ministre du Travail envisage l’instauration d’un « revenu de base » pour « décorréler revenus et travail » et parce que « le travail n’est pas obligatoirement à concevoir comme le moyen privilégié de l’intégration à la fois économique et sociale ».
Le travail a évolué dans l’Histoire, et sans doute les formes nouvelles de l’activité et de la production (automatisation, numérique, télétravail, production 3D, développement de l’auto-entreprise, etc.) font évoluer considérablement les conditions de travail ou de rémunération. Mais la fin du travail n’est pas pour demain.