9 Juin 2018
Le Saint-Siège invite à repenser le sens du travail dans le monde actuel - Vatican News
L'observateur permanent du Saint-Siège auprès des institutions onusiennes à Genève, Mgr Ivan Jurkovic, est intervenu à la 107e session de l'OIT sur le futur du travail face aux nouveaux défis...
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L’observateur permanent du Saint-Siège auprès des institutions onusiennes à Genève, Mgr Ivan Jurkovic, est intervenu à la 107e session de l’OIT sur le futur du travail face aux nouveaux défis du monde globalisé, en soulignant la nécessité d’investir dans les jeunes et de garantir une égale dignité, des droits et des rétributions aux femmes pour promouvoir une société plus inclusive.
Lisa Zengarini – Cité du Vatican
Retrouver la valeur authentique du travail «comme expression essentielle de la personne humaine» et moyen pour poursuivre la réalisation de soi : c’est la route pour construire une société inclusive «qui ne mesure pas le progrès humain seulement en termes de croissance économique et d’accumulation de richesse matérielle». C’est ce qu’a affirmé Mgr Ivan Jurkovic, observateur permanent du Saint-Siège auprès de l’Onu à Genève, qui est intervenu hier lors de la 107e session de l’Organisation internationale du Travail, qui se tient du 28 mai au 8 juin.
Le diplomate pontifical est revenu sur le futur du travail et la justice sociale face aux profonds changements du monde actuel, l’un des thèmes auxquels l’organisation a consacré son attention en vue des célébrations du centenaire de l’OIT en 2019. Des phénomènes comme la mondialisation des marchés et les innovations économiques, mais aussi l’instabilité financière mondiale, les déséquilibres économiques et de pouvoir, les tendances démographiques et le changement climatique sont en train de transformer radicalement le monde du travail comme cela n’avait jamais été imaginé auparavant. Ceci impose une nouvelle réflexion sur le sens du travail aujourd’hui pour l’économie, la société et la politique, surtout en référence aux nouveaux défis posés face à l’évolution des technologies qui ont de fortes implications sociales, mais aussi éthiques.
Parler du futur du travail dans ce contexte signifie avant tout penser aux jeunes. «Pour construire un futur soutenable, a souligné le délégué du Vatican, il est nécessaire d’impliquer les nouvelles générations» qui sont paradoxalement toujours plus négligées par les processus productifs. La croissance économique mondiale ne semble en effet pas capable de créer de nouveaux postes de travail de qualité, surtout pour les jeunes, qui devraient pourtant être les protagonistes des processus en cours.
Garantir un travail digne et correctement rétribué pour tous signifie aussi garantir des droits égaux pour les hommes et pour les femmes. L’un des principaux nœuds à dénouer sur ce front reste celui de permettre aux travailleuses de concilier famille et travail, dans la conscience que celle-ci est la cellule fondamentale de la société, et «doit donc être protégée». Si la société ne reconnait pas la valeur sociale du travail et le rôle de la femme dans la famille, «la discrimination féminine ne sera jamais dépassée», a affirmé Mgr Jurkovic.
Un autre aspect fondamental est celui de l’éducation : c’est seulement en garantissant aux filles et aux femmes un accès équitable à l’instruction qu’il est possible de combattre les discriminations dont elles sont l’objet. Elles sont très exposées aux drames du travail forcé, des formes modernes d’esclavage et du trafic d’êtres humains. Le Saint-Siège rappelle donc la nécessité de combattre ces phénomènes déplorables à la racine, en partant de la reconnaissance de l’égale dignité entre tous les hommes et les femmes, et de la conscience qu’aucune être humain «ne peut être considéré comme un objet ou un moyen pour atteindre une fin».
Mgr Jurkovic a ensuite rappelé la ferme condamnation du Saint-Siège face aux atteintes sexuelles sur le poste de travail, dont sont victimes surtout les femmes. Pour obtenir le plein respect et l’égalité des femmes dans le monde du travail, a-t-il conclu, il ne suffit pas de condamner les discriminations et les injustices : il faut des campagnes de sensibilisation «efficaces et intelligentes» pour la promotion des femmes dans tous les domaines de leur vie, «en commençant par la reconnaissance universelle de leur dignité» intrinsèque à tout être humain.