28 Mars 2020
Il n’y a pas eu de trêve cette année pour Noël.
Dans un climat social tendu, marqué par les blocages des transports et les manifestations dans tout le pays, c’était pourtant Noël. Au milieu de la contestation sociale et dans l’attente d’un véritable dialogue, brillaient bien comme de petites étoiles dans la nuit les fêtes et veillées de Noël de la Mission ouvrière.
L’ouverture du Message « L’inouï de Noël » ne cachait pas la réalité de la société et du monde : « L’actualité nous montre des actes de violence, des replis sur soi, des reculs sur l’avenir de la planète, des risques pour les libertés et la démocratie dans différents pays. De nombreuses inquiétudes voire des angoisses paralysent le monde. »
Nos fêtes et veillées de Noël ont rassemblé des personnes et des groupes qui, au milieu de cette obscurité du temps présent, de ces événements chargés de revendications et de résistances, se sont laissés attirer par une lumière.
Cette lumière attirante du Christ présente dans la faiblesse et l’humilité est la première source de notre mission d’évangélisation.
Nos fêtes et veillées demeurent des signes visibles de notre présence dans le monde et dans l’Église par le souci que chacun a d’y inviter largement et d’y exprimer ses doutes et ses convictions pour que le monde soit un monde meilleur, plus équitable et plus juste.
Il n’y a pas eu de trêve pour une jeune famille arrivée à Bethléem sous la contrainte d’un recensement et appelée à partir très vite en exil avec un enfant nouveau-né. La lumière de Noël peut inonder le ciel au-dessus des bergers, briller comme l’étoile qui conduit les mages mais elle ne peut faire oublier dans quel monde elle est venue briller : un monde de pauvretés et de jeux de pouvoir où l’humanité est sans cesse exposée à l’indifférence ou à la violence.
Il n’y a pas de trêve – et il n’y en aura jamais – pour notre mission d’acteurs de dialogue et de paix.
Le mouvement social dont beaucoup ont été les acteurs ou les témoins nous oblige à la responsabilité. Promouvoir la parole et parvenir au respect de chacun, de chaque organisation, même si les écarts et les différences semblent plus forts que les points de convergence, telle est l’exigence qui doit se faire jour au-delà de la joie simple et belle de nos rencontres autour de Noël.
Il y a bien ensuite un « temps ordinaire » où la lumière entrevue et approchée est soumise à l’épreuve des faits que nous pouvons constater et des actions que nous pouvons mener. C’est ce temps qui est le nôtre où nous continuons la route de la vie avec et pour le monde ouvrier et les milieux populaires qui nous sont confiés.
Écoutons encore le pape François nous redire ce qu’est la mission des chrétiens : « vivre avec les autres, les suivre pas à pas, demander à les accompagner en apprenant à cheminer à leur rythme… vivre sur le mode missionnaire les choses les plus ordinaires de la vie quotidienne ».
Xavier DURAND, Délégué national
Citation : Pape François Sans Jésus nous ne pouvons rien faire, Bayard, 2020.
Découvrir les première page de ce numéro : Foi d'un peuple, numéro 187, février 2020