12 Juin 2020
Qu’est-ce que cette incroyable pandémie du coronavirus nous fait vivre, dire, penser, écrire, imaginer ! Mais nous fait aussi craindre… ou espérer ? En ce mois de mai, nous sommes entrés dans une période de desserrement du confinement, lequel nous aura tous marqués pendant huit semaines. Qu’en retiendrons-nous ?
D’abord le rappel de la fragilité de notre condition humaine, membres vivants et mortels de la
Création, avec une certaine capacité à maîtriser notre destin tout en restant exposés à ce qui est plus fort que nous, y compris le microscopique. Sur le plan social, ce sont des travailleuses et travailleurs souvent peu valorisés qui ont été mis en lumière, à commencer par les personnels soignants, mais aussi les salariés de la production manufacturière, de l’agroalimentaire, de la logistique, du transport, du commerce, du nettoyage… Tous se révèlent indispensables pour assurer notre nécessaire vital, et encore plus en temps de crise. Notre société saura-t-elle mieux les reconnaître en revalorisant notamment leurs salaires le moment venu ?
Et puis, il y a plus que jamais cette urgence pour notre Terre. Les conséquences de l’épidémie sur l’activité humaine et l’environnement soulignent que le modèle de développement et de croissance basé sur la surexploitation des ressources naturelles est à l’origine des déséquilibres écologiques et climatiques… tout ce qui a engendré ce nouveau virus.
C’est ce qu’a dit en d’autres termes le pape François dans sa lettre aux mouvements populaires datée du jour du Pâques : « Notre civilisation, si compétitive et individualiste, avec ses rythmes frénétiques de production et de consommation, ses luxes excessifs et des profits démesurés pour quelques-uns, doit être freinée, se repenser, se régénérer. Vous êtes des bâtisseurs indispensables à ce changement inéluctable.»
Nous verrons comment chaque peuple pourra peser pour faire advenir ce changement, Mais d’ores et déjà, ici en France, la crise sanitaire et le confinement ont révélé des capacités parfois insoupçonnées d’attention et de solidarité : des appels téléphoniques à l’organisation de distribution alimentaire dans les quartiers populaires, ou de l’applaudissement des soignants depuis les fenêtres et balcons à la confection domestique de masques en grand nombre. Les membres de la Mission ouvrière y ont pris part, avec en plus leur expression propre : messages et analyse des mouvements d’Action catholique, journaux numériques pour témoigner de cette vie active et garder du lien malgré le confinement, appel à réfléchir, à prier et à faire révision de vie, etc. Tout cela est à retrouver sur notre site internet.
Même si le défaitisme, l’angoisse face à l’avenir ou le repli sur soi peuvent nous guetter, n’ayons pas peur d’une lecture de foi des événements que nous venons de vivre et qui ne sont pas terminés. Le Carême a été marqué par un confinement quasi total, puis comme l’a dit quelqu’un au matin de Pâques : « Christ est déconfiné » ! Dans ce temps pascal qui nous mène jusqu’à la Pentecôte et le souffle de son Esprit, il nous entraîne à sa suite pour être les porteurs d’un autre virus, celui de l’Espérance… Espérance d’un autre monde possible, Espérance qu’avec lui la vie sera toujours plus forte que la mort.
Benoît NOBLET, délégué national