5 Février 2021
Téléchargez la deuxième lettre "Tablier' du collectif national des diacres en monde ouvrier et populaire !
La crise que nous vivons est sans précédent, elle nous amène toutes et tous à réfléchir, toujours davantage : nous en avons hélas la possibilité, les deux périodes de confine-ment nous en ont laissé le temps. Ce temps peut être une chance pour certains : prendre le temps de réfléchir sur notre mode de vie, notre façon de consommer, notre façon de regarder le monde, notre société, notre manière de discerner…
Mais ce temps peut être une épreuve pour d’autres qui manquent d’espaces. Pensons particulièrement aux détenus dans les prisons surpeuplées, aux migrants, aux personnes hospitalisées ou dans les maisons de retraite. Les plus démunis se sentent les oubliés de notre société. Ceux qui vivent et dorment dans la rue s’étonnent d’entendre dire de ne pas sortir : « Restez chez vous. ». Je pense particulièrement à cette mère de quatre enfants, vivant dans un trois pièces et en télétravail depuis le mois d’avril : « Je vis dans mes quatre murs depuis plus de six mois, je travaille sur un coin de table de la cuisine le matin très tôt, avant le lever des enfants et le soir tard, je suis usée. »
La vie professionnelle, associative, familiale, voire même dans notre Église, a été bous-culée par de nouvelles utilisations d’outils de communication numérique. Qui n’a pas réalisé une réunion par Zoom, qui n’a pas fait un apéro WhatsApp ? Oui, faisons-en sorte que ces nouveaux liens partagés, ces nouvelles échangées, permettent de tisser de nouvelles fraternités.
Cette nouvelle notion au temps, doit nous permettre de trouver des moments de solitude afin de retrouver un peu de paix intérieure. Mais surtout de laisser du temps à Dieu dans le silence de notre vie, par la lecture de la Parole, la prière et la relecture des moments passés avec d’autres.
Justement, comment réagit notre Église face à ces événements uniques qui affectent la façon de vivre notre foi chrétienne ? Il est vrai que la fermeture des églises pendant une période assez longue a entraîné la fin de l’eucharistie et l’absence de fêtes pascales, la limitation et la suppression des sacrements. Certains évêques se sont empressés de porter ces différentes restrictions en justice, sous prétexte de la liberté de culte.
Plutôt que de rechercher des causes extérieures à l’Église, interrogeons-nous. Nous avons été obligés de nous adapter, de trouver des solutions afin de pouvoir célébrer des funérailles à moins de trente personnes (retransmission vidéo par exemple) ; pourquoi ne pas adapter cela aux limites actuelles d’ouverture de nos églises ?
Concernant le report ou la suppression de nombreux baptêmes et mariages, quel accompagnement avons-nous pour ces familles, ces couples ? Quel discernement leur proposons-nous ? Pour ma part, de nouvelles discussions sont apparues avec des fiancés obligés de reporter leur mariage, pour certains à deux reprises, voire à l’annuler. En tant que diacres, nous sommes présents pour discuter de tout cela, mais la Parole évangélique doit être notre quotidien afin d’avoir la possibilité de distinguer, au cœur des personnes que nous rencontrons tous les jours, ce trésor caché et enfoui qu’est le visage du Dieu de Jésus. Comme le disait notre Pape François dans sa Lettre au Peuple de Dieu en août 2018, « il est nécessaire que chaque baptisé se sente engagé dans la transformation ecclésiale et sociale dont nous avons tant besoin ».
Dans cette année liturgique, tout au long du livre de Matthieu, nous avons vu que Jésus était confronté à faire des choix, mais il choisit toujours de servir. Comme lui, nous avons fait ce même choix lors de notre ordination. Cette Parole de Jésus permet aux plus petits, aux exclus de la vie, aux « confinés », de se relever et de revivre. Le style de vie de Jésus, nous essayons de nous y caler en tant que diacres engagés en monde ouvrier et en quartiers populaires, résister aux difficultés du quotidien, toujours mettre en œuvre la fraternité et toujours rester en accord avec Dieu, soi-même et les autres.
Que ces difficultés traversées nous permettent de faire grandir une Église tout entière, nourrie de l’Évangile, au service des humains et du monde qui vient.
Philippe Plichon, du collectif national des diacres en monde ouvrier et populaire
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Le collectif national a pris une grande décision et une bonne résolution, organiser une prochaine Rencontre Nationale pour tous les diacres en monde ouvrier et en milieu populaire :
Les diacres en Monde Ouvrier et Milieu populaire relance leur collectif national - Mission Ouvrière
Ensemble, écrire demain Un collectif national des diacres en monde ouvrier se réunissait depuis plusieurs années. Après la dernière rencontre nationale, le renouvelle-ment de ce collectif est ...