FOI D'UN PEUPLE : LE NUMÉRO 193 DISPONIBLE !

PARTICIPER ET S'EXPRIMER

En ce premier semestre 2022, nous sommes appelés à participer et à nous exprimer : en tant que citoyens pour les élections politiques présidentielle puis législatives, et en tant que chrétiens dans la démarche sur la synodalité voulue par le pape François et relayée dans nos diocèses. Y a-t-il un rapport entre les deux ? Non, dirons certains, au nom de la séparation de l’Église et de l’État dans un pays attaché à la laïcité. De plus, dans un cas, il s’agit d’élire des représentants du peuple, dans l’autre, il s’agit de relire une expérience de « marcher ensemble » et d’en tirer des propositions pour une meilleure implication de tous dans la mission d’annonce de l’Évangile.

Pourtant, dans les deux cas donc, nous sommes invités à nous impliquer parce que nous sommes tous concernés. Dans les deux cas, nous avons le droit, et sans doute même le devoir, de réfléchir, de nous informer, de prendre la parole, de participer à des débats, d’exprimer un souhait si ce n’est un choix. Dans les deux cas, n’avons-nous pas à faire valoir également ce dont nous sommes porteurs par nos vies engagées dans la société et en Mission ouvrière ?

Dans la perspective des élections, la Conférence des évêques de France a publié un livret « L’Espérance ne déçoit pas » (expression tirée de la Lettre de St-Paul aux Romains, verset 5) destiné à inter￾peller les catholiques et les candidats sur plusieurs enjeux sociétaux. Si on peut s’y référer pour ses insistances sur la paix, sur le respect de toute vie 
humaine, sur notre devise républicaine, ou sur l’écologie, on peut aussi vouloir la compléter avec ce qui traverse le monde ouvrier et populaire.
Ainsi, un Conseil diocésain de Mission ouvrière a rendu visibles et publiques les aspirations des enfants en ACE qui débattent et votent leur thème d’année, des jeunes en JOC qui enquêtent et agissent contre les préjugés et les discriminations, des adultes en ACO qui témoignent et luttent pour un « travail soigné ». C’est également, au niveau national, la JOC et l’ACO qui ont participé avec d’autres asso￾ciations à la publication d’un livre blanc « Paroles de chômeurs » : il met en lumière les défaillances du système actuel pour les privés d’emploi, et porte des propositions comme l’humanisation des parcours d’accompagnement des demandeurs d’emploi, une adaptation des formations aux besoins, ou encore la limitation des obstacles aux déplacements dans la recherche d’un travail.

Pour une Église plus synodale, un autre Conseil diocésain de Mission ouvrière a relu ses propres expériences (rassemblement autour de la solidarité, fête à Noël, partage autour des Gilets jaunes…). Il s’en dégage des points d’interpellation comme : rencontrer les plus fragiles, favoriser l’intergénérationnel, mieux prendre en compte les engagements en milieu populaire, être dans la proposition et la préparation des sacrements.

La boussole évangélique
Certes, l’Église ne donne pas des réponses toutes faites pour la démarche synodale ou ne donne pas de consigne de vote pour les élections, mais nous savons que nous avons l’Evangile comme boussole. Et celle-ci nous indique que « la gloire de Dieu et le salut du monde » ne passent pas par les exclusions de toutes sortes, l’exploitation au travail, la division ou l’exacerbation des conflits. Il passe plutôt par l’accueil de l’autre, la justice sociale, le vivre ensemble.
Les enjeux sont forts, pour notre pays et notre démocratie d’une part, pour notre Église et son universalité de l’autre. C’est pourquoi ce numéro de La Foi d’un Peuple a fait le choix de les mettre en regard, comme les deux faces d’une même foi : en l’humain et en Dieu.

Benoît NOBLET, 
délégué national