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Mission Ouvrière Nationale

L'Eglise en monde ouvrier et dans les milieux populaires

Retour sur la fête des 60 ans à Marseille le 6 janvier 2018

Retour sur la fête des 60 ans à Marseille le 6 janvier 2018

ANNIVERSAIRES JOC, ACE, MISSION OUVRIERE

 

6 janvier 2018

 

Nous profitons de cette rencontre de Noël pour fêter trois dates, trois anniversaires d'évènements qui ont marqués fondamentalement nos vies, tout du moins pour nous qui sommes réunis ici aujourd'hui. 1927, le commencement de l'extension en France de la JOC, la Jeunesse Ouvrière Chrétienne, 1937, la naissance de l'ACE, l'Action Catholique des Enfants, 1957, la création de la Mission Ouvrière.

 

Je ne vais pas revenir sur l'histoire de ces mouvements. On peut quand même souligner qu'ils sont nés dans un contexte où les travailleurs, et spécialement les jeunes - y compris les enfants -, étaient très exploités. On était pauvre, mais sans avoir nécessairement conscience, surtout dans les milieux catholiques, d'appartenir à une classe ouvrière, et encore moins d'avoir à s'organiser et à lutter dans le mouvement ouvrier. Des mouvements comme la JOC sont partis de cette constatation. Ils ont aidé à cette prise de conscience d'appartenance à la classe ouvrière et à la nécessité de s'organiser, "entre eux, par eux, pour eux", pour l'élévation de leur niveau de vie, l'amélioration des conditions de travail et la reconnaissance de leur dignité. Il ne faut pas oublier qu'avant de s'appeler "Jeunesse Ouvrière Chrétienne" - JOC - en 1925, le mouvement s'est appelé "Jeunesse Syndicaliste" de 1919 à 1924 et qu'il a été à l'initiative, en Belgique, de la création de la première section syndicale féminine dès 1918… Pour Joseph Cardijn, un prêtre de Bruxelles, qui a été à l'initiative de ces mouvements et de la JOC, ce développement du syndicalisme de jeunes était conçu - je cite - non seulement comme un moyen de "défense des intérêts matériels des jeunes ouvriers et ouvrières, mais aussi, comme un instrument de formation professionnelle, générale et morale".

 

Bien sûr, la réalité ouvrière est différente en 2017 - 2018, quoique, pas pour tous : beaucoup d'enfants, beaucoup de jeunes, beaucoup de personnes, beaucoup de pays dans le monde vivent les mêmes réalités qu'au temps du démarrage de la JOC dans les années 1920. Les jeunes d'aujourd'hui ne se reconnaissent plus forcément dans une jeunesse ouvrière, bien qu'ils soient nombreux à être issus de milieux précarisés et sans emploi (actuellement, en France, parler de monde ouvrier semble dépassé). Mais les sentiments et les réalités d'écrasement, les atteintes aux droits, le non-respect des jeunes, des personnes d'aujourd'hui ne sont-ils pas les mêmes que ceux qui ont révolté les jeunes apprentis et travailleurs de l'époque ? Les mots, aimer, partager, lutter, croire, espérer, témoigner… (c'est le chant de la dernière rencontre nationale de l'ACO) ne sont-ils pas, eux aussi, les mêmes qui ont poussé les jeunes de 1927 à s'organiser et à créer leur propre mouvement d'éducation et de libération ? Je parle beaucoup de la JOC, mais sa démarche est à l'origine de ces courants qui ont engendré plus tard d'autres mouvements ou coordinations comme l'ACE ou la Mission Ouvrière.

 

L'intuition de la JOC en 1927, de l'ACE en 1937, de la mission ouvrière en 1957 est toujours d'actualité en 2018 : c'est "l’humain au cœur de nos vies".

 

Nous témoignons toujours du même message : celui de la dignité de chaque jeune travailleur comme on disait alors, la dignité des personnes adultes rencontrées là où on est, avec lesquels on vit, avec lesquels on agit. Cardijn disait : "Un jeune travailleur vaut plus que tout l'or du monde". C'est le même message. Angelina De Oliveira, une des premières responsables de la JOC au Brésil disait, un jour où elle était interviewée : "Tu me fais raconter mon histoire aujourd'hui, mais on pourrait écrire tout un livre sur chaque jeune travailleur du monde. Chaque jeune, disait-elle, a une histoire, chaque personne est sacrée, même celle dont on ne parle jamais et qui passe inaperçue et qui a souvent elle-même l'impression de ne pas vivre grand-chose." Mais parce que la JOC aura appelé un jeune par son prénom et lui aura dit : "si tu n’es pas là, il manquera quelqu’un", ce jeune- là aura peut-être pu commencer à prendre conscience de sa valeur, de sa dignité. Et La JOC, par cette simple parole, aura été fidèle à sa mission. La JOC, en France, a lancé un slogan lors d'une grande campagne nationale il y a deux ans : "Nous ne sommes rien. Soyons tout !" Vous connaissez certainement cette phrase du chant qu'on chante souvent dans nos rencontres : "Tout homme est une histoire sacrée. L'homme est à l'image de Dieu." (parlé puis chanté).

 

Aujourd'hui comme hier, grâce à la JOC, à l'ACE, et à tous ces mouvements qui composent la Mission Ouvrière, notre regard change : au lieu de nous étonner de ce qui est rare, ces mouvements nous ont appris à nous étonner de ce qu'on voit tous les jours. Nous participons quelquefois à des actions collectives fortes, mais c'est essentiellement dans le vécu des petites actions de proximité qu'elles se préparent. C'est là, tout d'abord au quotidien, que se ressentent et se vivent le droit au respect et la dignité des enfants, des jeunes et des adultes de la classe ouvrière.

 

En changeant aujourd'hui notre regard sur ceux avec qui on vit au quotidien, on continue l'histoire. Nous créons de nouvelles naissances tous les jours. Grâce à nos rencontres et nos actions, nous découvrons que l'histoire qui s'est vécue il y a 50 ans, 80 ans, 90 ans, c'est toujours la même aujourd'hui. Amal, une fille de la JOC égyptienne, dans un pays où l'action était - et est toujours - un risque, disait lors d'une réunion de son équipe : "Quand tu veux, tous les jours tu as des occasions de faire quelque chose, d'être solidaire". S'intéresser à l'histoire de chaque personne, l'attention à celui qui croie n'être rien, la poignée de main qu'on serre dans le quartier ou au travail, le sourire adressé à celui qui n'a pas la forme, le tract qu'on distribue dans la rue, la lutte qu'on mène pour plus de justice, c'est la même histoire, c'est la renaissance aujourd'hui, c'est la naissance des mouvements qui se poursuit.

 

Dans la déclaration de la Mission Ouvrière pour ce Noël qu'on va lire tout à l'heure, on cite cette phrase des Actes des Apôtres : "J'ai pour moi dans cette ville un peuple nombreux". Une grande tâche nous attend. Aujourd'hui comme hier, nous sommes appelés à être en "Mission" pour une société plus juste, plus humaine, plus fraternelle. La Bible, elle aussi source de notre histoire, continue de s'écrire avec les enfants, les jeunes, les adultes d'aujourd'hui, avec nous. On continue l'histoire… Bon anniversaire à tous !

 

Michel Hervelin

> Le texte en PDF :
> Des photos de la fête :
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